*****in-Canada Human Development Champions *****LES CHAMPIONS DU DÉVELOPPEMENT HUMAIN AU CANADA
Tuesday, May 22, 2007
Sunday, April 22, 2007
Ottawa Champion: Anna Dion
« Apprendre des choses que je n’aurais jamais crues possibles me rend plus humble »
“It humbles me to learn the things I would never think possible”
English below
par Aman Chahal, Section Professionnelle de Calgary
traduction par Felix Boudreault, Section Professionnelle d’Ottawa
Au tout début de ses années universitaires, Anna Dion avait déjà comme objectif d’avoir un plus grand impact sur la société. Elle voulait avoir un impact humain. À la lecture de son curriculum vitae, on note des études en science et génie des matériaux avec un mineur en études sur la paix à l’Université McMaster ainsi qu’une maîtrise en génie biomédical de l’Université Dalhousie. Elle a d’ailleurs participé à la fondation de la section étudiante d’Ingénieurs sans frontières Canada (ISF) de cette université. Anna a par la suite fait un stage avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en Argentine et elle travaille actuellement pour le Centre de recherches pour le développement international (CRDI). Recherchez « Anna Dion » sur Google et vous trouverez une foule d’informations à son sujet dont son impressionnant parcours en développement international, ses recherches et vous pourrez même trouver son mémoire de maîtrise! Impressionnant CV n’est-ce pas? Et bien ce n’est rien par rapport à une rencontre avec Anna Dion en personne!
Des questions se posent : Comment une jeune étudiante se retrouve à travailler avec les leaders d’une communauté en Argentine à peine quelques mois après la fin de ses études? Comment a-t-elle vécu la transition d’être un jour en train de pédaler paisiblement sur le campus universitaire de la belle ville d’Halifax et le jour suivant en Argentine pour l’ACDI à étudier les effets des pesticides et métaux lourds sur les enfants? Qu’est-ce qui a bien pu la motiver à dévouer autant de temps à ses études de paix au beau milieu de ses examens et des longues sessions d’études avec des travaux qui ne semblent jamais vouloir finir?
Parmi les héros qui inspire Anna, on retrouve la germano-canadienne Ursula Franklin, métallurgiste et militante pour la paix. Née d’une mère juive, Franklin est emprisonnée dans un camp de travail lorsqu’elle est toujours qu’une jeune étudiante en pleine Allemagne nazie. Une fois la guerre terminée, Ursula aide à la reconstruction de bâtiments détruits dans les bombardements et obtient par la suite obtenu son doctorat en physique expérimentale à Berlin. Maintenant décorée de l’Ordre du Canada, Franklin n’a jamais cessée de se vouer aux causes humanitaires.
En prenant exemple sur Ursula, Anna s’est demandée comment concilier les deux univers qui la passionnent encore aujourd’hui : l’ingénierie et le militantisme pour la paix. Son défi consistait à trouver une manière d’appliquer ses connaissances techniques dans le but d’aider les autres. En pleine période de réflexion sur les moyens d’y arriver, elle assiste à une présentation par un ingénieur militaire à l’Université McMaster. Le travail de ce dernier, qui consistait à dépister et éliminer des mines antipersonnelles et à reconstruire des infrastructures au Moyen-Orient, inspire Anna à envoyer un simple courriel à un homme nommé George Roter, le co-fondateur et co-directeur général d’Ingénieurs sans frontières. Ils se rencontrent à une station d’autobus accompagnés de quelques amis qui désirent simplement « en faire plus ».
Son baccalauréat terminé, Anna joint l’Université Dalhousie pour y faire sa maîtrise. Déjà curieuse et impliquée dans le domaine du développement international, Anna participe à la création de la section étudiante d’Ingénieurs sans frontières de cette université. Elle y est même présidente du section et aide au niveau du volet d’éducation des membres.
Elle admet que pendant sa maîtrise, il y avait des moments de découragement. Elle avait parfois l’impression qu’elle ne faisait rien pour le développement international. Sa manière pour passer au travers ces moments-là? Faire du bénévolat pour un service d’aide téléphonique de prévention du suicide. Anna décrit son expérience de bénévolat comme ayant été très enrichissante. C’est qu’elle lui a donné un sentiment d’appartenance à la communauté.
Ayant été active avec ISF au Manitoba et à Ottawa, en plus de travailler pour le Centre de recherches pour le développement international, Anna admet qu’elle travaille depuis tellement longtemps avec ISF qu’elle entend constamment « la petite voix d’ISF dans [sa] tête ». C’est donc difficile pour Anna de savoir combien d’heures elle consacre à ISF par semaine.
Anna est maintenant à la tête du groupe des politiques de la section d’Ottawa. Parmi les projets en cours, l’un consiste à développer des relations entre le gouvernement et les entreprises locales afin de les encourager à adopter des principes de responsabilité corporative sociale . N’étant pas une spécialiste de ce sujet, Anna a donc la chance d’étendre son champ de connaissances. Par son implication au Canada, elle souhaite conscientiser et aider les Canadiens à réaliser l’impact de notre mode de vie à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. « Le Canada peut en faire beaucoup plus pour devenir un meilleur citoyen du monde. Je pense que beaucoup d’actions peuvent être prises au Canada pour changer ça. »
La motivation d’Anna à travailler avec ISF a évolué avec les années, mais toujours avec une même toile de fond : la curiosité.
« J’ai toujours plus de questions que de réponses », admet Anna.
Sa curiosité à comprendre le monde dans lequel elle vit et comment elle se positionne face à « ce monde si grand » l’a amenée à travailler pour l’ACDI en Argentine. D’un strict point de vue technique, son travail consistait à étudier les effets des pesticides et des métaux lourds sur les enfants. Mais elle ne s’est pas limitée à cela. Elle a aussi discuté avec les leaders des communautés locales afin de tenter de comprendre ce qui les préoccupent. D’un point de vue personnel, cette expérience a changé sa vie en lui démontrant que même en tant qu’ingénieure, elle pouvait aussi jouer un rôle dans le développement humain.
Bien que son questionnement du début n’est pas le même que celui qu’elle a présentement, elle se questionne toujours. Le réseau d’ISF l’a aidé à définir ses buts. C’est grâce aux notions d’amélioration personnelle et de formation continue que prône ISF qu’elle a pu acquérir une meilleure connaissance et compréhension de certains problèmes.
« L’ouverture des gens et l’ambiance quasi familiale qu’offre ISF fait en sorte qu’il y a moyen de discuter sans offenser. Débattre ses idées avec quelqu’un n’est pas vu comme une insulte ici. Au contraire, c’est une expérience d’apprentissage. »
L’environnement positif la motive à continuer ses efforts. Bien qu’elle comprenne que le changement ne s’obtient pas du jour au lendemain, que c’est un processus long et bourré d’obstacles, elle continue de trouver son inspiration où elle peut observer de petits changements. Lors d’un récent voyage au Kenya, elle a pu voir par elle-même que des changements positifs sont possibles. Le paludisme a toujours été un problème endémique au Kenya. Avec la distribution de moustiquaires et une population mieux informer des dangers et des moyens de prévention, le problème semble vouloir se stabiliser et l’attitude des gens change. Même si Anna n’a pas été directement impliquée dans ce projet, elle trouve une forme d’inspiration à savoir que de tels projets réussissent à changer les choses pour le mieux.
« Grâce au projet qui m’a été offert je peux constater comment faire pour soutenir les projets des autres et ensuite, leur montrer à en faire autant dans leur communauté. »
Grâce à un prix de développement professionnel, Anna travaille actuellement pour le Centre de recherches pour le développement international (CRDI). Ses tâches sont divisées entre la recherche et la compréhension de l’approche écosystémique en santé humaine. Le CRDI, crée en 1970, soutient financièrement des chercheurs provenant de pays en développement afin de trouver des solutions innovatrices et durables pour résoudre les problèmes affectant les pays du Sud. Le CRDI sert en particulier à appuyer les politiques et les technologies susceptibles de contribuer à l’édification, dans les pays du Sud, de sociétés en meilleure santé, plus équitables et plus prospères.
Son travail est fascinant car elle a la chance d’étudier certaines maladies et les facteurs contribuant à rendre les gens plus ou moins vulnérables à ces maladies. Elle a donc la chance de voyager dans des pays en développement afin de mener des recherches pour déterminer quels outils sont nécessaires pour responsabiliser les communautés. Par exemple, l’une de ses dernières recherches portait sur l’imprévisibilité de la météo et son impact sur la propagation du paludisme.
Anna confesse que cette expérience de travail lui permet de comprendre davantage la complexité des facteurs qui entre en ligne de compte lorsqu’on parle de santé. Elle se souvient d’un fermier lui avouant inonder sa rizière la nuit à la fin des journées sans pluie, augmentant par le fait même son exposition aux moustiques responsables de la transmission du paludisme. Bien que conscient de ce problème, le fermier préfère s’assurer de ne pas perdre ses récoltes, qui représentent son seul revenu.
Pour Anna, le développement international fait et fera partie de sa carrière sans pour autant en être son unique intérêt. Ce qui est important pour elle est de travailler ici, au Canada, afin de comprendre le concept d’iniquité dans l’accès aux soins de santé.
« Je pense que je me dois de regarder ce que nous faisons dans notre propre pays. »
Alors, qu’est-ce qui attend Anna Dion? Quels sont ses rêves? Il y a bien ce chalet familial qui a 150 ans et qui aurait bien besoin d’être un peu retapé. Un nouveau départ, un déménagement dans un nouveau chez-soi et se trouver un petit chien. En déménageant, elle pourra pratiquer ses talents de jardinière dans son propre jardin. Elle aime bien garder les pépins pour faire pousser ses propres fruits. Elle rêve d’avoir un jour un bananier dans sa cour.
Anna espère avoir autant de succès avec son bananier qu’elle en a eu avec son manguier et son plant d’ananas. En y mettant beaucoup de travail et de soins, comme dans sa passion pour le développement international et ISF, le bananier devrait grandir comme le réseau des travailleurs en développement international au Canada. Une Anna à la fois.
L'équipe de champions de la cause du développement humain au Canada
Felix, David, Aman, Ray, Jason, Janice, Marc-Andre et Jeremy
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“It humbles me to learn the things I would never think possible“
By Aman Chahal, Calgary Professional Chapter
Anna Dion wanted to have a greater impact with her degree, a human impact. Anna’s resume includes a degree in Material Science and Engineering with a minor in peace studies from McMaster University. She went on to do a master’s degree at Dalhousie University in the field of Biomedical Engineering. While doing her master she helped found the Dalhousie University Engineers Without Borders (EWB) chapter. She has worked an internship in Argentina through the Canadian International Development Agency (CIDA) and currently works for the International Development Research Center. Google Anna Dion and you will find much information, ranging from her impressive international development efforts, to her research; you might even find her master’s thesis. But talk to Anna Dion and you find that her resume pales in comparison to the real person.
So how does a young student find herself working with community leaders in Argentina within a few months of graduation? How does one go from cycling to campus in beautiful Halifax to working for CIDA studying the effects of pesticides and heavy metals on children? What motivates her, amidst exams and long study sessions with never-ending homework to find her way into peace studies?
Anna’s inspiring heroes include the renowned German-Canadian metallurgist and peace activist Ursula Franklin. Born to a Jewish mother, Franklin was imprisoned in a work camp as a young student in Nazi Germany. After the war, Ursula helped in repairing bombed buildings and later obtained her Ph.D. in experimental physics in Berlin. Now a companion of the Order of Canada, she has never stopped dedicating herself to humanitarian causes.
Through Ursula, Anna was compelled to ask herself how she could mix the two worlds of engineering and peace activism. She was challenged to find a way to apply her technical knowledge to help others. During this important time she found herself in a presentation given by a military engineer at McMaster University. His work in trying to clear land mines and re-building infrastructure in the Middle East inspired Anna to take the important step of sending a simple email to a man named George Roter, the co-founder and Co-CEO of Engineers Without Borders. This email resulted in a meeting with George at a bus station, with a few friends who simply wanted to do more.
After finishing her bachelor’s degree, Anna went on to do her master at Dalhousie University. Already intrigued and involved in the sector of international development, Anna helped found the Dalhousie University Engineers Without Borders chapter. She was the president of the chapter and helped with member education.
She admits that while doing her masters degree, there were times of disappointment when she felt that she was not contributing to the field of international development. Her strategy for coping? She found herself volunteering for a suicide hotline. Anna describes her volunteer work as fulfilling because it gave her a sense of connection with the community.
Helping with EWB in Manitoba and in Ottawa, along with working for the International Development Research Center, Anna admits that she has been working with EWB for so long that now there is always, “an EWB voice in the back of [her] head”. This makes it hard for Anna to gauge how much time in a week she devotes to EWB.
Working with the EWB chapter in Ottawa, Anna is leading the policy group. One of her current projects includes trying to develop relationships within the government and local businesses to help engage them about Corporate Social Responsibility (CSR). The field being new to her, she finds herself engaged by the opportunity to learn more. She wants Canada to do more as a global citizen. Her work within Canada is to help Canadians look at our practices within and outside our borders. In her view,“Canada can do a lot to be a global citizen. I think there is a lot that can happen within Canada to change that”.
Anna’s motivation for working with EWB has evolved over the years with one main constant, curiosity.
“ I still have more questions than answers”, Anna herself admits.
Her curiosity to understand the world around her and how she, herself fits into, “this big world” led her to work with CIDA in Argentina. Her work from a technical point of view encompassed studying the effect of pesticides and heavy metals on children. She had the opportunity to talk to community leaders and discuss issues that affected them and their communities. From a personal point of view her work was life altering. It showed her that as an engineer she too had something to contribute to the world of human development. A change that Anna has made part of her life ever since.
Although the questions she was asking early on and the questions she is asking now are different, she continues to question. Her EWB network has supported and helped Anna gain insight into her goals. It is through the EWB focus of self improvement and learning that she has gained more knowledge and understanding.
“The open and family like atmosphere creates a space where people can challenge each other without offending. There is an idea that challenging someone else is not an insult, it’s an endeavor to learn”
The positive environment motivates her to continue her efforts. Recognizing that the process of change is slow, complicated and full of obstacles, she continues to find inspiration when she is able to see small changes. In a recent trip to Kenya where malaria has been a constant problem, she had the chance to see the effect of change. By distributing mosquito nets and through education and changing practices, not only has the problem of malaria been controlled but people’s attitudes have also been changed. Although she was not directly involved in this project, she did witness its affect and these changes continue to inspire her.
“Through the opportunity that I have been given now, I am able to see how you can facilitate someone else’s opportunity, and help them do the same in their community”
Through a Professional Development award, Anna is currently working for International Development Research Center (IDRC). In her role she is able to work half her time in research and the other half devoted to understanding the eco-systems approaches to human health. IDRC has funded and supported researchers from developing countries who are looking for innovative, sustainable ways to solve the problems that are most critical to their communities since 1970. IDRC projects are helping developing countries acquire the knowledge, skills, and technologies they need to build healthier, more equitable, and more prosperous societies.
Her work with IDRC is intriguing because she gets the opportunity to look at a disease and the factors that contribute to making someone vulnerable to that disease. This allows her to travel to a developing country and do research to help analyze what tools are needed to help empower communities to help themselves. Her recent research has focused on how the unpredictability of weather can affect the spread of malaria.
Anna describes that through this opportunity she was able to gain a deeper understanding into the complexity of the factors that shape people’s health. She recalls how one farmer within an irrigated rice scheme told her that when rains don’t come, he will often flood his rice fields at night when less people are accessing the irrigation waters, inadvertently increasing his exposure to malaria-carrying mosquitoes. He recognized this increased exposure, but felt that securing his rice fields, and only source of income, was more important.
For her, international development is a part of her career but not all of it, and she is confident that she would want to continue her work in the field of international development. Emphasizing that she wants to work in Canada to help understand the concept of inequity, how access to public heath and services are disproportionately distributed.
“I think for me I have to look at what is going on in my own country”
So what is in store for Anna Dion? What are her dreams for the future? There is a 150 year old family cottage that needs some fixing up, a new beginning, moving into a new home and getting a puppy. She can’t wait to practice her gardening skills in her own garden. She likes to save fruit seeds and tries to grow them. She has a dream of someday having a banana tree in her backyard.
Having already had success with mango and pineapple plants Anna is hoping to have the same success with the banana tree. Although the banana seeds have not yet sprouted, hopefully like her work in the sector of international development and with EWB, with a lot of hard work and care, the banana tree will grow just like the network of international development workers in Canada. One Anna at a time.
The in-Canada Human Development Champions Team
Felix, David, Ray, Aman, Janice, Jason, Marc-Andre and Jeremy
Sunday, March 18, 2007
Montréal Champion: Françoise Bichai
English below
Des montagnes du Peru au laboratoire à Montréal :
comment la recherche peut aussi entraîner le changement
par David-Vincent Bone, Section Professionnelle de Montréal
Le problème d’accès à l’eau potable est une des causes fondamentales de la pauvreté dans les pays en développement. 5 000 enfants meurent tous les jours en raison de maladies transmises par l’eau. Françoise Bichai le sait et espère aider à changer les choses par l’entremise de son travail au laboratoire de la Chaire industrielle CRSNG en eau potable de l’École Polytechnique de Montréal, car elle croit qu’un processus plus efficace de désinfection solaire pourrait contribuer à améliorer le sort de communautés pauvres des pays du Sud. Elle est aussi membre d’ISF Canada depuis 4 ans et maintenant co-directrice de l’éducation à la Section professionnelle de Montréal.
À 10 ans, Françoise Bichai rêvait de devenir professeure de violon. Elle le deviendra par hasard, pour quelques temps, à San Isidro del General au Costa Rica, une ville à une heure du village où elle passera trois mois à l’âge de 19 ans. C’est au cours de ce même séjour qu’elle entrera en contact pour la première fois avec la pauvreté. Six ans plus tard, elle est candidate au doctorat à la Chaire industrielle CRSNG en eau potable de l’École Polytechnique de Montréal. Une partie de ses recherches vise entre autre l’amélioration d’un processus de désinfection solaire (SODIS) développé et répandu par les chercheurs du SANDEC, le département d’eau et d’assainissement pour les pays en développement de l’EAWAG, institut suisse de grand renom.
« Dans le cadre de mon projet de recherche sur la désinfection UV, j’ai négocié durement pour travailler également sur la désinfection solaire », explique Françoise Bichai. Selon elle, l’impact que peut avoir une technologie plus efficace est tangible : « Une meilleure compréhension d’un procédé de désinfection d’eau potable permet d’en améliorer l’application et de réduire le risque microbiologique auquel s’expose le consommateur. » Le procédé SODIS, conçu pour les pays du Sud où l’intensité du rayonnement solaire est plus élevée, consiste à exposer des bouteilles d’eau transparentes au soleil pendant environ 6 heures lorsque le ciel est dégagé. En effet, une portion des rayons UV du soleil n’est pas bloquée par l’atmosphère et est disponible pour la désinfection de l’eau. Françoise pense toutefois que l’agrégation des bactéries aux particules présentes dans l’eau peut diminuer l’efficacité du procédé.
Françoise est également membre d’ISF Canada depuis 4 ans et maintenant co-directrice de l’éducation à la section professionnelle de Montréal. Elle est aussi violoniste à ses heures. L’Ombudsband est le groupe de musique dont elle fait partie, comprenant également une tromboniste, un guitariste et chanteur, un batteur et un bassiste. L’ensemble de cinq musiciens, actif depuis maintenant 4 ans, vient tout juste de livrer une performance au bar La Tulipe à Montréal, à l’occasion de la journée ISF du 1er mars, dans le cadre de la semaine du génie.
Le développement
Ses premiers pas dans le monde du développement, Françoise les fait à 19 ans. Elle part seule au Costa Rica pour 3 mois avec l’organisme Horizon Cosmopolite, qui lui permet d’entrer en contact avec une communauté rurale là-bas. Elle vit et travaille dans une finca, une propriété agricole d’environ 300 à 400 personnes, où elle est hébergée par une famille de trois enfants dont le père est costaricain et la mère, salvadorienne. La jeune mère avait à peine cinq ans a fui le Salvador, à pied, avec ses parents et ses nombreux frères et sœurs, une vingtaine d’années auparavant, en temps de guerre civile. « La mère était enceinte d’un quatrième enfant et n’avait que 26 ans. Sa réalité était si différente de la mienne », se rappelle Françoise. Ne parlant pas encore l’espagnol à l’époque, elle développe une connaissance approximative de la langue, entre autre au contact des enfants. À la finca, elle travaille dans les champs, aide sa mère d’accueil avec certaines tâches ménagères et donne des cours d’anglais et de flûte à bec aux enfants du village, alors qu’à la ville la plus proche, elle anime des ateliers d’artisanat dans un centre pour les femmes et remplace même à l’occasion un professeur de violon dans une école. Le voyage lui a donc permis un premier contact avec différentes réalités des communautés en développement, telles que la difficulté de répondre à certains besoins fondamentaux, comme la médication.
À l’été 2003, elle participe au programme de stage de l’Entraide Universitaire Mondiale du Canada (EUMC). Elle est alors envoyée seule dans les montagnes au Pérou, dans le village de San Marcos, où elle est appelée à travailler avec un ingénieur péruvien pour améliorer les systèmes d’eau potable par gravité dans la localité d’environ 2000 personnes. « J’ai eu la chance de voir la réalité quotidienne des communautés des Andes péruviennes dans toute son authenticité », affirme-t-elle. Le partenaire du projet était la municipalité de San Marcos elle-même. « J’ai appris beaucoup de l’approche utilisée par l’EUMC sur le terrain. Leurs projets suscitent à la base l’engagement des communautés et des travailleurs locaux. L’éducation et le renforcement des capacités locales est une partie très importante de leur travail, qui vise la gestion autonome des infrastructures par la communauté. » Une des principales retombées de son projet a été son intérêt accru pour ses cours de génie. Son stage lui aura permis de renforcer son intérêt pour le traitement et la distribution d’eau potable, et ce, dans le contexte d’une nouvelle perception de l’ingénierie comme moteur de changement. Elle effectue également sa propre levée de fonds de 3 000$ pour le projet, livre à son retour une présentation à la conférence annuelle de l’EUMC et remet un compte-rendu de son expérience de stage à tous ses donateurs, dont la firme d’ingénierie Hatch & ass.
La motivation
Françoise a donc déjà les deux pieds dans le développement quand elle devient plus active dans ISF Canada à l’hiver 2004. « Je deviens fébrile quand j’entends parler du développement », dit-elle. « Les enjeux du développement, ce sont des problématiques auxquelles je suis sensible. » Au cours des deux années suivantes, elle donnera plusieurs présentations sur le thème de l’eau dans des écoles secondaires de la région de Montréal. Elle participe également à la Conférence nationale ISF Canada à Toronto en 2004 et à Ottawa en 2006.
Sa motivation a considérablement évolué avec le temps. Elle admet qu’au départ, son voyage au Costa Rica était en partie motivé par son goût du dépaysement. « L’exotisme, c’est quand même très à la mode et les touristes recherchent peut-être de plus en plus des expériences dans des milieux reculés, plus authentiques », admet-elle. Avec les années, en accumulant les expériences, elle se pose toujours plus de questions : « Est-ce que c’est vraiment pertinent d’envoyer un Canadien faire un travail de développement à l’étranger? » Pour elle, ISF est une organisation non gouvernementale unique qui crée au Canada une grande énergie axée vers le développement et dont l’objectif ne se limite pas à donner à ses membres l’occasion d’acquérir une expérience à l’étranger.
« Travailler à préparer des présentations en milieu de travail et des activités d’éducation des membres me motive beaucoup. » Selon elle, l’intérêt qui prime dans le milieu de l’industrie, c’est le profit, et c’est principalement dans leur propre intérêt que les entreprises canadiennes travaillent dans des pays en développement. « Il y a peut-être un besoin pour une forme de partenariat entre les compagnies et les organisations non gouvernementales, qui offrent des expertises différentes. La formation et l’approche des ONG sur le terrain pourrait faire une différence dans le travail des firmes d’ingénierie à l’étranger. »
Donner de son temps
Son stage au Pérou lui a permis de développer un intérêt pour l’eau potable. « C’est un domaine extrêmement important pour aider les communautés en développement, l’eau est un des besoins de base. » Récipiendaire de nombreuses bourses au cours de ses études, elle est actuellement à compléter la revue de littérature qu’elle doit produire en vue de sa proposition de recherche. Elle doit également établir et détailler son plan expérimental et travaille donc aussi en laboratoire pour tester des méthodes afin d’en établir la faisabilité.
Elle admet également que le lien de ses travaux de recherches avec le développement contribue à maintenir sa motivation dans son travail. Il est important pour elle de savoir relativiser les problèmes auxquels font face les spécialistes de l’eau potable au Canada par rapport à la situation mondiale. « La désinfection solaire n’est qu’une petite portion de mes travaux de recherche, mais c’est une partie qui est importante pour moi. »
Avec ISF, au sein d’une équipe de gestion d’une quinzaine de personnes, elle travaille à guider la communauté professionnelle montréalaise dans le monde du développement, à les aider à s’intéresser au rôle de l’ingénieur dans le développement, et elle construit des activités d’éducation taillées sur mesure pour les membres. « ISF, ça permet aussi de se poser beaucoup de questions et d’en discuter avec d’autres », ajoute-t-elle. Elle estime y avoir aussi acquis de l’expérience en ce qui a trait à la tenue de réunions et à la prise de décisions en équipe. « Même s’il y a beaucoup de place pour le travail d’équipe dans notre formation universitaire, je trouve qu’il y a ici beaucoup plus d’espace pour la réflexion et les discussions de groupe, dans le but d’atteindre un consensus autour des objectifs à atteindre. Une grande liberté nous est accordée dans l’organisme comme section professionnelle, ce qui nécessite de bonnes initiatives de gestion et une bonne capacité de travailler en équipe. »
Pour elle, s’impliquer avec ISF à Montréal, c’est l’occasion de garder un équilibre et de rester impliquée dans le développement. Lorsqu’elle oeuvre dans le milieu de l’éducation, elle ressent tout de suite qu’elle a un impact. « C’est très motivant de constater que le message qu’on veut livrer dans un atelier est compris. L’impact peut être de courte durée, mais c’est au moins un début de réflexion chez les participants », dit-elle. « Il faut surtout voir que nous sommes nombreux dans ISF et que c’est un effort de groupe, ce qui me permet de croire qu’il devient possible d’avoir un impact, par exemple dans le milieu professionnel de l’ingénierie au Canada. »
Et les rêves?
« J’arrive parfois à me convaincre que je peux faire une différence, entre autre grâce à l’éducation à laquelle j’ai accès. Ça devient alors à la fois une responsabilité et une motivation d’essayer de le faire. »
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From the mountains of Peru to the laboratory in Montréal: How research can
drive change too
By David-Vincent Bone, Montreal Professional Chapter
One of the fundamental causes of poverty in developing countries is the lack of safe drinking water. Every day, 5000 children die from waterborne diseases. Françoise Bichai is well aware of this problem, and she hopes to make a positive impact through her research at the NSERC industrial chair in drinking water laboratory at École Polytechnique de Montréal. Françoise believes that a more efficient process of solar disinfection could help to significantly improve the fate of poor communities in southern countries. She has also been an active member of EWB Canada for 4 years and is currently the co-director of education for the Montreal Professional Chapter.
When she was 10 years old, Françoise Bichai dreamed of becoming a violin teacher. At 19, she unexpectedly achieved her goal while spending 3 months in a small village near San Isidro del General, in Costa Rica. It was also during this trip that Françoise encountered poverty for the first time. Six years later, she is now a doctoral candidate at the NSERC industrial chair in drinking water at École Polytechnique de Montréal. A part of her work aims to improve a process of solar water disinfection (SODIS) that was developed by the researchers at SANDEC, the Department of Water and Sanitation in Developing Countries at the renowned Swiss Federal Institute for Aquatic Science and Technology (Eawag).
“I really had to negotiate to include solar water disinfection within the framework of my research project on UV disinfection,” explains Françoise. But she believes the benefits of a more efficient technology are tangible. “A better understanding of the process of disinfection allows for improved applications and reduced microbiological risks for consumers.” The process of solar water disinfection (SODIS) consists of exposing transparent water bottles to the sun for approximately 6 hours while the sky is bright and there is limited cloud coverage. Since high solar radiation is required to inactivate the pathogenic microorganisms in the water, SODIS is most successful in semi-arid regions that lie between latitudes 15°N/S and 35°N/S. Françoise suspects, however, that the aggregation of bacteria present within the water can decrease the effectiveness of SODIS.
Françoise has also been an active member of EWB for 4 years and is currently the co-director of education for the Montreal Professional Chapter. She is also an avid violinist and member of Ombudsband, a group of five musicians, including a trombonist, a bassist, a drummer, and a guitarist and singer. She and her band mates recently performed at bar La Tulipe in Montreal on March 1st, as part of EWB Day during Engineering Week.
Her development experience
Françoise’s first foray into the world of development was at 19 years old. She traveled alone to Costa Rica for 3 months with the organization HorizonCosmopolite, which allowed her to interact with a rural community. She lived and worked in a finca, an agricultural estate of approximately 300 to 400 people, where a family of 3 children, with a Costa Rican father and a Salvadorian mother, hosted her. Five years earlier, the young mother of the family had fled to Costa Rica from Salvador by foot with her parents and numerous siblings to escape the civil war. “ The mother was pregnant with her fourth child and was only 26 years old. Her reality was so different from my own,” remembers Françoise. Not able to speak Spanish at the time, Françoise acquired a working knowledge of the language primarily through contact with the children. In the finca, she worked in the fields, helped her host mother with household chores, and gave English and recorder lessons to the village children. In the closest city, San Isidro del General, she also animated handicraft workshops in a center for women and occasionally substituted for the violin teacher in a school. The trip allowed Françoise to observe the very different realities that developing communities face, such as the challenge of meeting basic needs like medication.
In the summer of 2003, Françoise took part in an internship program run by the World University Service of Canada (WUSC). She was sent alone to the village of San Marcos, in the mountains of Peru, where she worked with a Peruvian engineer to improve the gravity-run drinking water system for a community of 2000 people. “I had the opportunity to witness the daily reality of the communities living in the Peruvian Andes—in all its authenticity,” she confirms. The municipality of San Marcos was the project partner. “I learned a lot about the approach used by WUSC. Their projects seek at their base the commitment of the communities and local workers. The education and reinforcement of local abilities is a crucial part of their work, which aims to ensure that communities can autonomously manage their own infrastructures.” For Françoise, one of the main benefits from the project was a heightened interest in her engineering courses. Her internship made the treatment and distribution of drinking water all the more appealing, and it illustrated how engineering can be an instrument for change. Françoise also carried out her own fundraising of 3000$ for the project, and on her return, she gave a presentation at the annual WUSC conference, and delivered a summary of her experiences to all of her donors, including the engineering firm Hatch & Associates.
Her motivation
Françoise was clearly already committed to development by the time she became an active member of EWB Canada in the winter of 2004. “I become feverish when I hear discussions about development,” she admits. “The issues surrounding development are near and dear to my heart.” Over the following two years, Françoise gave numerous presentations on the theme of water in high schools across the region of Montreal. She also took part in the EWB National Conference in Toronto in 2004 and in Ottawa in 2006.
Her motivation has evolved considerably over time. She admits that in the beginning her trip to Costa Rica was partly motivated by her desire to travel. “Exoticism is really trendy, and tourists increasingly look for adventures in unconventional—and authentic—places.” As time passes, and she acquires further experiences, Françoise finds herself asking even more questions: “Is it really pertinent to send a Canadian to do development work abroad?” She believes EWB is a unique NGO, not only because it creates a tremendous energy in Canada centered around development, but also because it does not limit itself exclusively to giving overseas experiences to its members.
“Preparing presentations for workplaces and educational activities for members really motivates me.” Françoise feels that businesses are primarily motivated by profit, and most Canadian companies operating in developing countries are there for their own interests. “There is perhaps a need for some sort of partnership between business and NGOs, who offer different expertise. The training and approach adopted by NGOs out in the field could make a difference in the work engineering firms undertake abroad.”
Volunteering her time
Françoise’s internship in Peru expanded her interest in drinking water. “It’s an extremely important area to aid developing communities. Water is a basic necessity.” A recipient of numerous scholarships over the course of her studies, Françoise is currently completing her literary review, which she has to submit as part of her research proposal. She also has to establish an outline for her research plan, and so she is doing laboratory work to test the feasibility of certain methods.
She admits that the link between her specific research and broader development helps to keep her motivated. It is important to put into perspective the problems facing drinking water specialists in Canada with the global situation. “Solar disinfection is only a small fraction of my research, but it’s a very important part for me.”
Within a management team of fifteen people at her EWB professional chapter, Françoise is working to guide the professional community of Montreal through the world of development by helping them to take an interest in the role that engineers play, and she designs educational activities individually tailored for members. “EWB allows us to ask a lot of questions and discuss them with others,” she adds. She also feels that she has gained experience with regard to holding meetings and making decisions as a group. “Even though there is a lot of opportunity for group work in our university education, I find that there is a lot of room here to reflect and discuss topics as a group in order to reach a consensus around specific objectives. Within the organization, the professional chapters grant us a large amount of freedom, which therefore requires good management initiatives and a strong aptitude for teamwork.”
For her, getting involved with EWB in Montreal offers the opportunity of maintaining a balance and staying connected with development. By working in the area of education, she immediately feels that she has an impact. “It’s really motivating to notice that the message we want to deliver in a workshop is understood. The effect might be brief, but at least it’s a beginning for participants to reflect. It’s important to remember that we are numerous within EWB, and it’s a team effort, so I believe it is possible to have an impact, for instance in the professional sector of engineering in Canada.”
And her dreams?
“I’m often able to convince myself that I can make a difference, thanks especially to my education. It therefore becomes a motivating factor and a moral responsibility for me to try.”
Des montagnes du Peru au laboratoire à Montréal :
comment la recherche peut aussi entraîner le changement
par David-Vincent Bone, Section Professionnelle de Montréal
Le problème d’accès à l’eau potable est une des causes fondamentales de la pauvreté dans les pays en développement. 5 000 enfants meurent tous les jours en raison de maladies transmises par l’eau. Françoise Bichai le sait et espère aider à changer les choses par l’entremise de son travail au laboratoire de la Chaire industrielle CRSNG en eau potable de l’École Polytechnique de Montréal, car elle croit qu’un processus plus efficace de désinfection solaire pourrait contribuer à améliorer le sort de communautés pauvres des pays du Sud. Elle est aussi membre d’ISF Canada depuis 4 ans et maintenant co-directrice de l’éducation à la Section professionnelle de Montréal.
À 10 ans, Françoise Bichai rêvait de devenir professeure de violon. Elle le deviendra par hasard, pour quelques temps, à San Isidro del General au Costa Rica, une ville à une heure du village où elle passera trois mois à l’âge de 19 ans. C’est au cours de ce même séjour qu’elle entrera en contact pour la première fois avec la pauvreté. Six ans plus tard, elle est candidate au doctorat à la Chaire industrielle CRSNG en eau potable de l’École Polytechnique de Montréal. Une partie de ses recherches vise entre autre l’amélioration d’un processus de désinfection solaire (SODIS) développé et répandu par les chercheurs du SANDEC, le département d’eau et d’assainissement pour les pays en développement de l’EAWAG, institut suisse de grand renom.
« Dans le cadre de mon projet de recherche sur la désinfection UV, j’ai négocié durement pour travailler également sur la désinfection solaire », explique Françoise Bichai. Selon elle, l’impact que peut avoir une technologie plus efficace est tangible : « Une meilleure compréhension d’un procédé de désinfection d’eau potable permet d’en améliorer l’application et de réduire le risque microbiologique auquel s’expose le consommateur. » Le procédé SODIS, conçu pour les pays du Sud où l’intensité du rayonnement solaire est plus élevée, consiste à exposer des bouteilles d’eau transparentes au soleil pendant environ 6 heures lorsque le ciel est dégagé. En effet, une portion des rayons UV du soleil n’est pas bloquée par l’atmosphère et est disponible pour la désinfection de l’eau. Françoise pense toutefois que l’agrégation des bactéries aux particules présentes dans l’eau peut diminuer l’efficacité du procédé.
Françoise est également membre d’ISF Canada depuis 4 ans et maintenant co-directrice de l’éducation à la section professionnelle de Montréal. Elle est aussi violoniste à ses heures. L’Ombudsband est le groupe de musique dont elle fait partie, comprenant également une tromboniste, un guitariste et chanteur, un batteur et un bassiste. L’ensemble de cinq musiciens, actif depuis maintenant 4 ans, vient tout juste de livrer une performance au bar La Tulipe à Montréal, à l’occasion de la journée ISF du 1er mars, dans le cadre de la semaine du génie.
Le développement
Ses premiers pas dans le monde du développement, Françoise les fait à 19 ans. Elle part seule au Costa Rica pour 3 mois avec l’organisme Horizon Cosmopolite, qui lui permet d’entrer en contact avec une communauté rurale là-bas. Elle vit et travaille dans une finca, une propriété agricole d’environ 300 à 400 personnes, où elle est hébergée par une famille de trois enfants dont le père est costaricain et la mère, salvadorienne. La jeune mère avait à peine cinq ans a fui le Salvador, à pied, avec ses parents et ses nombreux frères et sœurs, une vingtaine d’années auparavant, en temps de guerre civile. « La mère était enceinte d’un quatrième enfant et n’avait que 26 ans. Sa réalité était si différente de la mienne », se rappelle Françoise. Ne parlant pas encore l’espagnol à l’époque, elle développe une connaissance approximative de la langue, entre autre au contact des enfants. À la finca, elle travaille dans les champs, aide sa mère d’accueil avec certaines tâches ménagères et donne des cours d’anglais et de flûte à bec aux enfants du village, alors qu’à la ville la plus proche, elle anime des ateliers d’artisanat dans un centre pour les femmes et remplace même à l’occasion un professeur de violon dans une école. Le voyage lui a donc permis un premier contact avec différentes réalités des communautés en développement, telles que la difficulté de répondre à certains besoins fondamentaux, comme la médication.
À l’été 2003, elle participe au programme de stage de l’Entraide Universitaire Mondiale du Canada (EUMC). Elle est alors envoyée seule dans les montagnes au Pérou, dans le village de San Marcos, où elle est appelée à travailler avec un ingénieur péruvien pour améliorer les systèmes d’eau potable par gravité dans la localité d’environ 2000 personnes. « J’ai eu la chance de voir la réalité quotidienne des communautés des Andes péruviennes dans toute son authenticité », affirme-t-elle. Le partenaire du projet était la municipalité de San Marcos elle-même. « J’ai appris beaucoup de l’approche utilisée par l’EUMC sur le terrain. Leurs projets suscitent à la base l’engagement des communautés et des travailleurs locaux. L’éducation et le renforcement des capacités locales est une partie très importante de leur travail, qui vise la gestion autonome des infrastructures par la communauté. » Une des principales retombées de son projet a été son intérêt accru pour ses cours de génie. Son stage lui aura permis de renforcer son intérêt pour le traitement et la distribution d’eau potable, et ce, dans le contexte d’une nouvelle perception de l’ingénierie comme moteur de changement. Elle effectue également sa propre levée de fonds de 3 000$ pour le projet, livre à son retour une présentation à la conférence annuelle de l’EUMC et remet un compte-rendu de son expérience de stage à tous ses donateurs, dont la firme d’ingénierie Hatch & ass.
La motivation
Françoise a donc déjà les deux pieds dans le développement quand elle devient plus active dans ISF Canada à l’hiver 2004. « Je deviens fébrile quand j’entends parler du développement », dit-elle. « Les enjeux du développement, ce sont des problématiques auxquelles je suis sensible. » Au cours des deux années suivantes, elle donnera plusieurs présentations sur le thème de l’eau dans des écoles secondaires de la région de Montréal. Elle participe également à la Conférence nationale ISF Canada à Toronto en 2004 et à Ottawa en 2006.
Sa motivation a considérablement évolué avec le temps. Elle admet qu’au départ, son voyage au Costa Rica était en partie motivé par son goût du dépaysement. « L’exotisme, c’est quand même très à la mode et les touristes recherchent peut-être de plus en plus des expériences dans des milieux reculés, plus authentiques », admet-elle. Avec les années, en accumulant les expériences, elle se pose toujours plus de questions : « Est-ce que c’est vraiment pertinent d’envoyer un Canadien faire un travail de développement à l’étranger? » Pour elle, ISF est une organisation non gouvernementale unique qui crée au Canada une grande énergie axée vers le développement et dont l’objectif ne se limite pas à donner à ses membres l’occasion d’acquérir une expérience à l’étranger.
« Travailler à préparer des présentations en milieu de travail et des activités d’éducation des membres me motive beaucoup. » Selon elle, l’intérêt qui prime dans le milieu de l’industrie, c’est le profit, et c’est principalement dans leur propre intérêt que les entreprises canadiennes travaillent dans des pays en développement. « Il y a peut-être un besoin pour une forme de partenariat entre les compagnies et les organisations non gouvernementales, qui offrent des expertises différentes. La formation et l’approche des ONG sur le terrain pourrait faire une différence dans le travail des firmes d’ingénierie à l’étranger. »
Donner de son temps
Son stage au Pérou lui a permis de développer un intérêt pour l’eau potable. « C’est un domaine extrêmement important pour aider les communautés en développement, l’eau est un des besoins de base. » Récipiendaire de nombreuses bourses au cours de ses études, elle est actuellement à compléter la revue de littérature qu’elle doit produire en vue de sa proposition de recherche. Elle doit également établir et détailler son plan expérimental et travaille donc aussi en laboratoire pour tester des méthodes afin d’en établir la faisabilité.
Elle admet également que le lien de ses travaux de recherches avec le développement contribue à maintenir sa motivation dans son travail. Il est important pour elle de savoir relativiser les problèmes auxquels font face les spécialistes de l’eau potable au Canada par rapport à la situation mondiale. « La désinfection solaire n’est qu’une petite portion de mes travaux de recherche, mais c’est une partie qui est importante pour moi. »
Avec ISF, au sein d’une équipe de gestion d’une quinzaine de personnes, elle travaille à guider la communauté professionnelle montréalaise dans le monde du développement, à les aider à s’intéresser au rôle de l’ingénieur dans le développement, et elle construit des activités d’éducation taillées sur mesure pour les membres. « ISF, ça permet aussi de se poser beaucoup de questions et d’en discuter avec d’autres », ajoute-t-elle. Elle estime y avoir aussi acquis de l’expérience en ce qui a trait à la tenue de réunions et à la prise de décisions en équipe. « Même s’il y a beaucoup de place pour le travail d’équipe dans notre formation universitaire, je trouve qu’il y a ici beaucoup plus d’espace pour la réflexion et les discussions de groupe, dans le but d’atteindre un consensus autour des objectifs à atteindre. Une grande liberté nous est accordée dans l’organisme comme section professionnelle, ce qui nécessite de bonnes initiatives de gestion et une bonne capacité de travailler en équipe. »
Pour elle, s’impliquer avec ISF à Montréal, c’est l’occasion de garder un équilibre et de rester impliquée dans le développement. Lorsqu’elle oeuvre dans le milieu de l’éducation, elle ressent tout de suite qu’elle a un impact. « C’est très motivant de constater que le message qu’on veut livrer dans un atelier est compris. L’impact peut être de courte durée, mais c’est au moins un début de réflexion chez les participants », dit-elle. « Il faut surtout voir que nous sommes nombreux dans ISF et que c’est un effort de groupe, ce qui me permet de croire qu’il devient possible d’avoir un impact, par exemple dans le milieu professionnel de l’ingénierie au Canada. »
Et les rêves?
« J’arrive parfois à me convaincre que je peux faire une différence, entre autre grâce à l’éducation à laquelle j’ai accès. Ça devient alors à la fois une responsabilité et une motivation d’essayer de le faire. »
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From the mountains of Peru to the laboratory in Montréal: How research can
drive change too
By David-Vincent Bone, Montreal Professional Chapter
One of the fundamental causes of poverty in developing countries is the lack of safe drinking water. Every day, 5000 children die from waterborne diseases. Françoise Bichai is well aware of this problem, and she hopes to make a positive impact through her research at the NSERC industrial chair in drinking water laboratory at École Polytechnique de Montréal. Françoise believes that a more efficient process of solar disinfection could help to significantly improve the fate of poor communities in southern countries. She has also been an active member of EWB Canada for 4 years and is currently the co-director of education for the Montreal Professional Chapter.
When she was 10 years old, Françoise Bichai dreamed of becoming a violin teacher. At 19, she unexpectedly achieved her goal while spending 3 months in a small village near San Isidro del General, in Costa Rica. It was also during this trip that Françoise encountered poverty for the first time. Six years later, she is now a doctoral candidate at the NSERC industrial chair in drinking water at École Polytechnique de Montréal. A part of her work aims to improve a process of solar water disinfection (SODIS) that was developed by the researchers at SANDEC, the Department of Water and Sanitation in Developing Countries at the renowned Swiss Federal Institute for Aquatic Science and Technology (Eawag).
“I really had to negotiate to include solar water disinfection within the framework of my research project on UV disinfection,” explains Françoise. But she believes the benefits of a more efficient technology are tangible. “A better understanding of the process of disinfection allows for improved applications and reduced microbiological risks for consumers.” The process of solar water disinfection (SODIS) consists of exposing transparent water bottles to the sun for approximately 6 hours while the sky is bright and there is limited cloud coverage. Since high solar radiation is required to inactivate the pathogenic microorganisms in the water, SODIS is most successful in semi-arid regions that lie between latitudes 15°N/S and 35°N/S. Françoise suspects, however, that the aggregation of bacteria present within the water can decrease the effectiveness of SODIS.
Françoise has also been an active member of EWB for 4 years and is currently the co-director of education for the Montreal Professional Chapter. She is also an avid violinist and member of Ombudsband, a group of five musicians, including a trombonist, a bassist, a drummer, and a guitarist and singer. She and her band mates recently performed at bar La Tulipe in Montreal on March 1st, as part of EWB Day during Engineering Week.
Her development experience
Françoise’s first foray into the world of development was at 19 years old. She traveled alone to Costa Rica for 3 months with the organization HorizonCosmopolite, which allowed her to interact with a rural community. She lived and worked in a finca, an agricultural estate of approximately 300 to 400 people, where a family of 3 children, with a Costa Rican father and a Salvadorian mother, hosted her. Five years earlier, the young mother of the family had fled to Costa Rica from Salvador by foot with her parents and numerous siblings to escape the civil war. “ The mother was pregnant with her fourth child and was only 26 years old. Her reality was so different from my own,” remembers Françoise. Not able to speak Spanish at the time, Françoise acquired a working knowledge of the language primarily through contact with the children. In the finca, she worked in the fields, helped her host mother with household chores, and gave English and recorder lessons to the village children. In the closest city, San Isidro del General, she also animated handicraft workshops in a center for women and occasionally substituted for the violin teacher in a school. The trip allowed Françoise to observe the very different realities that developing communities face, such as the challenge of meeting basic needs like medication.
In the summer of 2003, Françoise took part in an internship program run by the World University Service of Canada (WUSC). She was sent alone to the village of San Marcos, in the mountains of Peru, where she worked with a Peruvian engineer to improve the gravity-run drinking water system for a community of 2000 people. “I had the opportunity to witness the daily reality of the communities living in the Peruvian Andes—in all its authenticity,” she confirms. The municipality of San Marcos was the project partner. “I learned a lot about the approach used by WUSC. Their projects seek at their base the commitment of the communities and local workers. The education and reinforcement of local abilities is a crucial part of their work, which aims to ensure that communities can autonomously manage their own infrastructures.” For Françoise, one of the main benefits from the project was a heightened interest in her engineering courses. Her internship made the treatment and distribution of drinking water all the more appealing, and it illustrated how engineering can be an instrument for change. Françoise also carried out her own fundraising of 3000$ for the project, and on her return, she gave a presentation at the annual WUSC conference, and delivered a summary of her experiences to all of her donors, including the engineering firm Hatch & Associates.
Her motivation
Françoise was clearly already committed to development by the time she became an active member of EWB Canada in the winter of 2004. “I become feverish when I hear discussions about development,” she admits. “The issues surrounding development are near and dear to my heart.” Over the following two years, Françoise gave numerous presentations on the theme of water in high schools across the region of Montreal. She also took part in the EWB National Conference in Toronto in 2004 and in Ottawa in 2006.
Her motivation has evolved considerably over time. She admits that in the beginning her trip to Costa Rica was partly motivated by her desire to travel. “Exoticism is really trendy, and tourists increasingly look for adventures in unconventional—and authentic—places.” As time passes, and she acquires further experiences, Françoise finds herself asking even more questions: “Is it really pertinent to send a Canadian to do development work abroad?” She believes EWB is a unique NGO, not only because it creates a tremendous energy in Canada centered around development, but also because it does not limit itself exclusively to giving overseas experiences to its members.
“Preparing presentations for workplaces and educational activities for members really motivates me.” Françoise feels that businesses are primarily motivated by profit, and most Canadian companies operating in developing countries are there for their own interests. “There is perhaps a need for some sort of partnership between business and NGOs, who offer different expertise. The training and approach adopted by NGOs out in the field could make a difference in the work engineering firms undertake abroad.”
Volunteering her time
Françoise’s internship in Peru expanded her interest in drinking water. “It’s an extremely important area to aid developing communities. Water is a basic necessity.” A recipient of numerous scholarships over the course of her studies, Françoise is currently completing her literary review, which she has to submit as part of her research proposal. She also has to establish an outline for her research plan, and so she is doing laboratory work to test the feasibility of certain methods.
She admits that the link between her specific research and broader development helps to keep her motivated. It is important to put into perspective the problems facing drinking water specialists in Canada with the global situation. “Solar disinfection is only a small fraction of my research, but it’s a very important part for me.”
Within a management team of fifteen people at her EWB professional chapter, Françoise is working to guide the professional community of Montreal through the world of development by helping them to take an interest in the role that engineers play, and she designs educational activities individually tailored for members. “EWB allows us to ask a lot of questions and discuss them with others,” she adds. She also feels that she has gained experience with regard to holding meetings and making decisions as a group. “Even though there is a lot of opportunity for group work in our university education, I find that there is a lot of room here to reflect and discuss topics as a group in order to reach a consensus around specific objectives. Within the organization, the professional chapters grant us a large amount of freedom, which therefore requires good management initiatives and a strong aptitude for teamwork.”
For her, getting involved with EWB in Montreal offers the opportunity of maintaining a balance and staying connected with development. By working in the area of education, she immediately feels that she has an impact. “It’s really motivating to notice that the message we want to deliver in a workshop is understood. The effect might be brief, but at least it’s a beginning for participants to reflect. It’s important to remember that we are numerous within EWB, and it’s a team effort, so I believe it is possible to have an impact, for instance in the professional sector of engineering in Canada.”
And her dreams?
“I’m often able to convince myself that I can make a difference, thanks especially to my education. It therefore becomes a motivating factor and a moral responsibility for me to try.”
Thursday, March 15, 2007
Welcome! / Bienvenue!
L’approche que préconise Ingénieurs sans frontières concernant le développement humain repose à la fois sur des activités à l’étranger et au Canada. Plusieurs volontaires à l’étranger sont devenus au fil du temps des champions de la cause du développement humain et des modèles pour les membres étudiants d’ISF. Ces volontaires exceptionnels ont fait des présentations, écrit des lettres, partagé leurs histoires et leurs photos ont orné les calendriers d’ISF. Ils nous ont parlé de leurs communautés d’accueil et de leurs périples le long de fleuves africains.
Pendant ce temps, une équipe moins visible de champions du développement humain ici, au Canada, travaillait en coulisse pour faire avancer la cause. Dans leur carrière, forts de leur expérience avec ISF, ils travaillent à faire du Canada un citoyen du monde modèle et jouent ainsi un rôle dans la réduction de la pauvreté. Ces héros anonymes, que nous fréquentons sans le savoir, influencent nos compagnies, gouvernements, recherches et ONG…
...et maintenant ils sortent de l’ombre.
Engineers Without Borders' approach to human development is founded on programs both overseas and in Canada. Many phenomenal Overseas Volunteers have become human development champions and role models for EWB student members. They have sent letters, made presentations, graced calendars and shared stories. We’ve learned about their successes in building capacity with their communities and their journeys along African rivers.
Meanwhile a covert team of in-Canada human development champions has operated behind the scenes. In their careers, backed by experience with EWB, they are making Canada a model global citizen and are playing their part to reduce poverty. These anonymous heroes walk among us influencing in companies, government, research and NGOs...
...now they will be revealed.
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